L'ÉQUIPE
DE PAIX POUR L'IRAK | RAPPORTS
| MESSAGES POUR |

[Robert Turcotte est actuellement a Amman. Il va revenir au Quebec
la
semaine du 21 avril. Sept membres de l'Équipe de Paix pour
l'Irak restent a
Baghdad dont personne du Quebec ou Canada. -Mary]
Rapport de Baghdad 8 avril au 14 avril 2003
Désolé du retard, il y a une guerre qui cause des
inconvénients. De Amman,
je vous envois des nouvelles en retard après être sortit
de cet enfer. Vous
y trouverez sûrement des infos que la TV n'a pas diffusé.
Merci de votre patience.
Amicalement, solidairement
Robert
Rapport 8 avril 2003
Enfin une nuit plus silencieuse jusqu'à 4h45. Un premier
boom qui m'alerte
suivit d'un second qui me pousse à courir sur mon balcon
pour observer les
conséquences. Un incendie éclaire l'horizon et des
flammèches rouges volent
de toute part de l'autre côté du fleuve. La reprise
des combats s'
intensifie et se déplace vers le sud est à l'entrée
d'un pont.
L'orchestre de la guerre augmente son lot d'instruments maléfiques.
Cette
fois les mortiers et les canons électriques à tir
rotatif s'ajoutent et
émettent leurs sons meurtriers qui raisonnent sans répit
à nos oreilles.
Jacques Béres, un chirurgien français volontaire,
m'informe que l'Irak en
est à 2500 morts et approximativement à 7 à
8,000 blessés. Sommes-nous en
route vers un génocide ?
Une nouvelle qui ébranle le personnel de l'hôtel Al
Fanar ainsi que ses
clients irakiens et étrangers; L'hôtel Palestine, qui
héberge au moins 200
journalistes et encore plus de caméramans, de photographes,
d'écrivains et
autres clientèles internationales et nationales, vient d'être
bombarder par
les forces armées américaines. Le premier bilan fait
état de 5 blessés et
de 1 mort parmi les journalistes d'origine encore inconnu. De ce
côté-ci de
la rue nous ne percevons pas les dommages matériels. Wade
nous dit avoir
perçu des flammes dès la détonation puis plus
rien. Il ne semble pas être
question de d'évacuation de la clientèle.
Avec l'attaque de la délégation diplomatique russe
et de ces journalistes
étrangers la barrière des scrupules meurtriers vient
de franchir un nouveau
pas. Cette fois il est clair que rien n'arrêtera cette course
au pétrole et
au pouvoir. Il est clair que la conquête et la colonisation
d'un monde à l'
américaine ne fait que commencer. Vu d'ici, l'ONU et la communauté
internationale semblent avoir fermé les yeux et laisser cours
à ce carnage
de vies humaines pour les objectifs ci mentionnés.
Après on viendra me dire que nous avons évolué.
Certes, au point de vue
technologique nous avons progressé, peut-être trop
vite, mais pour ce qui
est de la résolution de conflits pacifiquement, pour ce qui
est du respect
de la démocratie, pour ce qui est de la répartition
des richesses, pour ce
qui est de la paix dans le monde, alors là nous régressons
à un rythme
effarent.
15h30, faute d'électricité je dois m'arrêter
sur ces pensées.
Suite, 8 avril 2003
Dans ce monde de silence où la parole n'a pas la place souhaitée,
il est
difficile de savoir la pensée réelle de cette population.
Quelle position
prendra t-elle si l'invasion américaine devait se concrétiser
? Acceptera
t-elle de se joindre à ce nouveau pouvoir déguisé
en administration
irakienne ? Assisterons-nous à une guerre civile entre ceux
qui accepteront
de s'allier et ceux qui refuseront cette prise de pouvoir ? Vivrons-nous
une nouvelle Palestine pendant des années à venir
?
À mots couverts certains souhaitaient une guerre rapide
pour mettre fin à
leurs souffrances. D'autres avançaient qu'ils défendraient
leur pays et
leur président jusqu'à la mort. D'autres désirent
un changement mais pas
avec Bush. Un autre dit que ça fait plus de trente ans qu'il
souffre.
Impossible d'avoir des détails avec le degré de contrôle
en place; on parle
de un surveillant par huit habitants. Toutefois, si on me dit qu'ils
sont
si gentils et aimables envers nous c'est qu'ils n'ont pas le choix
alors là
je ne suis pas d'accord. Ou bien ils sont tous, sans exception,
d'
excellents comédiens ou bien ils ont atteint un degré
d'hypocrisie qui
dépassent toutes possibilités. J'en conviens que les
évènements qui les
frapperont dans les prochains jours puissent faire surgir un esprit
de
vengeance de leurs frères et sours assassinés. Ce
démon qui naîtra en eux n
'aura pas d'amis ni de sympathie pour les étrangers et encore
moins de
pardon. D'où le danger qui nous guette.
Une chose est certaine, les spéculations et les hypothèses
concernant le futur de ce pays et de sa population vont bons trains
chez tous les internationalistes. Ce qui permet d'alimenter les
conversations pendant notre réclusion dans l'hôtel.
Plus un chauffeur accepte de nous conduire en ville et notre escorte
s'inquiète pour sa sécurité et surtout pour
celle de sa famille puisque lui-même demeure ici. Quelques
heures plus tard il nous fait ses adieux. En tant que fonctionnaire,
si petit soit-il dans la hiérarchie, il est préférable
pour lui de quitter la ville sinon le pays. Nous le regretterons
car nous avions une excellente relation avec lui et nous ne pouvions
douter de sa sincérité quand il disait qu'il travaillait
pour notre sécurité. Ce sont les premiers signes de
peur que je constate chez des Irakiens.
Les combats se sont intensifiés dans divers quartiers à
l'intérieur de la
ville. Nous apprenons qu'un deuxième journaliste, victime
du bombardement
au Palestine, est décédé à l'hôpital.
Il était d'origine espagnole et
membre de l'équipe contact pour l'envoi de nos e-mails.
Les Faucons du Pentagone justifient ces mortalités en disant
qu'il y avait
des tireurs sur le toit alors que c'était des caméramans.
Rien d'étonnant
car ils ont toujours l'excuse facile pour justifier leurs crimes.
Je n'ai
pas encore entendu l'excuse inventée pour les deux autres
journalistes tués
dans la ville mais je suis certains que c'est pardonnable. C'est
vrai, ils
ne font pas partit des journalistes qui suivent quotidiennement
les
militaires des alliés, qui furent former aux rudiments des
combats et
briffer sur quoi dire et ne pas dire par les généraux
américains avant le
début de la guerre. Leurs vies ont par le fait même
beaucoup moins d'
importance tout comme celles des populations civiles irakiennes.
La liberté
de parole et d'expression a force que si elle convient à
ces maîtres du
monde; Enfin, c'est qu'ils croient !
9 avril 2003
Une nuit paisible comme nous n'avons pas connu depuis quelques
jours. À 6h,
boum, boum et quelques ktac, ktac, ktac puis le silence à
nouveau.
Après le déjeuner, je pars à pieds avec Eun
Ha et son compatriote coréen
pour aller visiter l'orphelinat de sour Thérèsa mais
c'est fermé le temps de
la prière. Nous rebroussons chemin. Cette marche d'une quarantaine
de
minutes dans la ville s'est avérée très intéressante.
D'abord nous avons
emprunté le boulevard Abu Naha où nous étions
les seules âmes qui vivent
puis nous empruntons des petites rues. Ici et là des gens
discutent devant
leurs maisons, plus loin des enfants jouent au soccer. Nous aboutissons
sur
un autre boulevard achalandé par une circulation automobile
moyenne et tous
les commerces sont fermés et vidés de leurs contenus.
Six ou sept coins de
rues plus loin, deux restaurants et quelques commerces se dénotent
par l'
activité humaine qui les bordent et les occupent. Ce secteur
contraste
complètement avec les alentours. Dans la petite rue de l'orphelinat
un
homme se la coule douce, assis sur une chaise posée sur le
trottoir. Plus
loin un groupe de jeunes discute une partie de soccer dans la rue
déserte.
Cinq femmes toutes de noir vêtu viennent dans notre direction,
s'arrêtent
pour nous saluer. Tant sur l'allée que sur le chemin du retour
tous les
gens rencontrer nous saluent en souriant, ceux en voiture klaxonnent
et
saluent de la main.
Alors que la ville est prise d'assaut, que six des sept ponts qui
relient
les deux rives du fleuve sont fermées et contrôlées
par les militaires, le
comportement des gens envers nous est le même que celui que
nous connaissons
d'eux depuis notre arrivé dans ce pays. En même temps
une rumeur circule
que les hôtels seront attaqués et vandalisés
par tous les truands de la
ville et les mécontents de la tournure des événements.
La semence de la
peur fait son ouvre dans la communauté internationale. C'est
à se demander
si certains ne sont pas en manque de sensations fortes mais uniquement
mentales.
De retour à l'hôtel, Talib, un de nos chauffeurs,
nous apprend que le
quartier Saddam City vie d'intenses combats, que plusieurs routes
sont
barrées, que des véhicules brûlent sur le bord
d'un pont et que des victimes
gisent sur le sol. L'hôtel Palestine n'a plus de gardiens
de sécurité et
quelques journalistes commencent à déménager
de peur d'être attaquer.
Notre réunion porte sur l'éventuel départ
de l'équipe demain matin. Martin,
Bettejo, Eun Ha, Marienella et Charlie désirent rester. C'est
avec une
crotte au cour que j'accepte d'être des partants car j'aurais
souhaité
assister au dénouement de la prise de possession de Baghdad.
À peine de retour dans le hall de l'hôtel que Benoît,
un photographe de
guerre français, m'annonce que les Fédaïnes et
les Iraniens qui combattaient
les Alliés à la place de la Libération ont
fuient, l'armée américaine a
quitté la place, le pont est réouvert et, que des
irakiens s'attaquent aux
commerces, saccagent, volent, détruisent tout sur leur passage
dans un
esprit de fête et de joie. La nouvelle fait le tour de l'hôtel
assez
rapidement et un climat de peur s'installe. Personnellement je n'y
vois
aucun danger, au contraire, je cherche un volontaire pour me rendre
sur
place. Jooneed signale son intérêt après la
fin d'écriture de son papier
pour la presse. Nicolas, un journaliste français, m'informe
qu'après la
prise de possession de Saddam City un militaire américain
est sortit de son
tank et a crié aux gens que maintenant ils pouvaient prendre
tout ce qu'ils
voulaient. Il n'en fallait pas plus pour déclencher l'émeute
qui a aboutit
aux événements précédemment raconter
par Benoît qui était dans le feu de l'
action lors du déroulement.
Pendant mon attente le personnel de l'hôtel nous invite à
venir écouter les
nouvelles à la télé qu'ils viennent de brancher
sur satellite pour la
première fois depuis un an. Jamais je n'aurais cru entendre
et voir ce qui
se passe en ce moment. D'ailleurs, personne des internationalistes
ne s'
attendait à voir de telles scènes chez le personnel
et les clients de l'
hôtel. À la télé, des Irakiens déchirent
la photo de Saddam, lui crient des
injures pour la répression qu'il leur a fait subir. Sur place,
alors que
nous n'avions, jusque là, aucune idée de l'opinion
précise des Irakiens, la
joie est à son comble. Pour la première fois ils extériorisent
quelque
chose qui devait sommeiller en eux depuis longtemps.
J'accompagne Jooneed au Palestine pour la transmission de sa disquette.
En
même temps que nous arrivons sur place, des tanks et des militaires
alliés
arrivent de toutes parts. Nous montons au 15ième étage
d'où je profite de
la vue pour prendre quelques photos. De retour dans le hall de l'hôtel,
des
militaires, armes au poing, se prêtent aux photos et questions
des
journalistes. Je demande à Marcos Eugénius, un jeune
soldat originaire de
la Californie, s'il était fatigué et s'il avait perdu
des amis pendant les
combats. Il répond qu'il n'a pas dormi depuis deux jours
et qu'un de ses
amis est décédé après avoir été
touché à l'abdomen alors qu'il n'avait pas
son gilet pare-balles. À l'extérieur comme à
l'intérieur c'est le gros show
médiatique. Tous les militaires sont assaillis par les médias.
Sur le
canon d'un tank on peut lire le mot CARNYVORE. Après avoir
vu l'état d'un
certain nombre de victimes il ne fait aucun doute que ces grosses
machines
sont des mangeuses de chair humaine.
Pendant ce temps, Martin s'adonne à filmer les militaires
qui font tomber la
sculpture en bronze de Saddam dans le Paradise Square prêt
du Palestine sous
le délire d'à peine une centaine d'Irakiens et plus
de trois cents
journalistes et caméramans. Selon diverses sources irakiennes
ces fêtards
ne demeureraient pas dans ce quartier et certains avancent qu'ils
seraient
arriver sur place avec des militaires. Avec un énorme blindé,
des
militaires attachent ce symbole, le décroche de son socle
et le tire par
terre au grand plaisir de ces quelques Irakiens. The show most go
on ! Ce
spectacle médiatique fera le tour de la planète. Les
spectateurs en auront
plein la face et plusieurs applaudiront la victoire des Alliés.
Mais quelle
victoire ? Celle de la sculpture qui tombe au centre ville de Baghdad,
là
où tous les médias sont cantonnés. Mais, où
sont les millions d'habitants de
cette ville ? Pourquoi ne sont-ils pas dans les rues à fêter
cette grande
victoire ? Ce show a, possiblement, comme but de laisser croire
à la
population que le régime est renversé et que la guerre
est terminée.
Toutefois, ce message ne rejoindra que l'international puisque la
ville n'a
pas d'électricité. Pourtant, pendant ce temps, il
se livre d'intenses
combats dans plusieurs autres quartiers et autour de la ville. Des
cadavres
gisent dans les rues et les hôpitaux débordent à
ne plus savoir ou placer
les blessés. C'est à se demander si ce show n'est
pas un voile de fumée
pour cacher ce qui se passe réellement sur place.
Où sont passé les milices et les militaires irakiens
? Qu'est-il advenu de
la résistance présentée dans les propagandes
télévisées ? Comment se
fait-il que les combattants actuels sont majoritairement sinon exclusivement
de provenance des pays limitrophes ? Je ne fait qu'aller de surprises
en
surprises depuis hier.
Deux heures plus tard je retourne au square pour prendre le pouls
des
événements. Des gens sautent sur le corps et le bras
de bronze étendu par
terre. La tête a disparue. Ils poussent cette masse métallique
devant le
char d'assaut et font signe aux militaires de l'écraser.
Ils n'ont pas eu à
insister longtemps que le gros montre passe sur le bras mais sans
pourvoir l
'écraser. D'autres arrivent avec une photo de Saddam et y
mettent le feu.
Plusieurs personnes m'expriment leurs joies. De retour au Al Fanar,
je suis
accueillis par quatre tanks stationnés aux deux coins de
rues et par une
vingtaine de militaires en position de combat dans les alentours.
Ma plus
grande surprise est de voir certains membres de l'équipe
distribuer des
bouteilles d'eau aux militaires. Ils me disent sympathiser avec
ces jeunes
hommes, coincés par le système américain. Tout
ce que je peux faire c'est
de les respecter après avoir vu les corps de jeunes enfants
mutilés par ces
mêmes militaires. Je n'ais aucune sympathie pour le métier
qu'ils exercent
et pour leurs ignorances des raisons pour lequel ils participent
à ces
massacres.
Peu de temps après, tout le secteur est entouré de
tanks. Fady, un client
irakien de l'hôtel, me dit que qu'il est heureux d'un éventuel
changement de
régime mais malheureux que ce ne soit pas les Irakiens qui
aient pu le
faire. Un commentaire de grande valeur qui en dit beaucoup ! Pendant
ce
temps des militaires donnent une caisse de leurs nourritures en
sacs aux
personnels de l'hôtel mais sans trop les impressionner.
10 avril 2003
Pas de bombardement cette nuit mais le bruit incessant des gros
monstres
mécaniques ajouter à celui de l'énorme génératrice
perturba notre sommeil.
Leurs présences n'a rien de rassurant puisqu'ils pourraient
être attaqués
ici même. Au matin, la rue regorge de véhicules de
toutes sortes dont un
bulldozer énorme, six camions charger de munitions et d'autres
tanks de
différents modèles.
La réunion matinale m'annonce que Kathy a rejoint Chicago
avec un téléphone
satellite et que le bureau recommandait de rester ici encore une
certaine
période de temps. De toutes façons, les événements
s'avèrent non
sécuritaire pour risquer de s'aventurer sur les routes.
Jooneed et moi allons faire un tour de ville avec un photographe
de l'Inde,
un journaliste du Bangladesh et leur chauffeur. Notre visite nous
conduit
dans les quartiers Karadat et Sanaat. De toutes parts nous apercevons
des
gens qui dévalisent des édifices à bureau et
des entrepôts gouvernementaux
et municipaux ainsi que certains commerces. Ils transportent des
marchandises à pieds, en charrettes, en brouettes, en camions,
en tracteurs
et avec d'autres moyens rudimentaires. Comme disait quelqu'un, ces
vols ne
sont rien comparés au pétrole qui leur sera volé
et à ce que Saddam a mis
dans ses poches. Une route est barrée car un camion brûle
suite à un
bombardement. Il n'y a aucun blindé ni autre artillerie dans
ces quartiers.
Au retour, le docteur Belge, Harrie Dewitte, qui travaille avec
Médecine
pour le Tiers-Monde, nous fait part d'événements dont
il fut témoin et qu'il
dénonce comme étant des crimes guerre selon la Convention
de Genève :
1-Bombarder une ambulance identifiée.
- Fait : Une ambulance transportant deux blessés graves
a été bombardé par
les Alliés à un kilomètre de l'hôpital.
Le chauffeur, blessé à son tour,
réussis à conduire de peine et misère jusqu'à
l'entrée du stationnement de l
'hôpital. Il ne peut aller plus loin car un bloc de béton
barre l'accès.
Des gens doivent s'acharner pour ouvrir les portes très endommagées
du
véhicule pendant qu'un médecin arrive pour constater
que les deux patients
avaient été tués.
2-Ne pas porter secours aux blessés.
- Fait :Des personnes blessées dans des rues ont fait appel
à des militaires
pour les aider et restaient indifférents à leurs demandes.
3-Ne pas ramasser les cadavres gisant dans les rues.
- Fait :Des véhicules bombarder avec des passagers à
l'intérieur et des
piétons tuer dans la rue. Les cadavres furent laisser sur
place
L'hôpital Kindi a dû être évacué
car, considéré non sécuritaire pour le
personnel et les multiples patients. Il dit aussi que les hôpitaux
n'ont
plus d'analgésiques pour opérer et qu'ils ne font
que stabiliser les
blessures des patients et les retournent chez eux faute de place.
La
situation devient critique car les blessés ne cessent d'affluer
par toutes
sortes de moyens comme sur le toit des voitures, dans des boîtes
de camion
et même en brouette.
Deux attentats suicides perpétrés non loin d'ici
auraient tué deux
militaires et fait quelques blessés. Selon la source, l'information
varie.
Eun Ha a étendu au coin et au centre de la rue entre deux
tanks une énorme
banderole représentant des missiles en direction d'enfants
de toutes
nationalités, ouvre d'un artiste Koréen. Cathy, Cynthia,
Martin, Cathie et
Eun Ha se relaient et s'assoient en position de Fétus. Compte
tenu que les
activités prévues dans le cadre de notre mission tournent
au ralentit en ce
moment nous optons pour la sensibilisation et l'éducation
des jeunes
militaires qui sont en grand nombre dans notre secteur. Si nous
n'avons pu
atteindre les présidents et leurs faucons nous allons essayer
d'atteindre la
sensibilité et la conscience de ceux de la base, ceux qui
exécutent sans
trop savoir pourquoi.
Sacha Trudeau, qui refait surface après être aller
se cacher parce que son
visa était expiré et que les autorités refusaient
son renouvellement, nous
apprend qu'un chauffeur de la Croix rouge, un Canadien de Montréal
d'origine
arménienne, Vatche Hacinanien de 45 ans, a été
tué en conduisant un véhicule
de la Croix Rouge. Dans son déplacement pour venir ici il
a vu plusieurs
cadavres dans les rues, abandonnés sur place. Il projette
de repartir au
Québec dans une semaine. Il retourne dormir dans sa famille
d'accueil.
Les tirs et les bombardements furent très fréquents
toute la journée. Les
militaires fouillent tous les gens et toutes les voitures qui circulent
dans
le secteur car ils craignent des attentats suicides.
11 avril 2003
Ce matin l'hôtel est envahi par de nouveaux clients. Environ
240
journalistes et photographes sont arrivés de Amman ce matin
après avoir
dormis en route.
Bettejo, Jooneed, Mohammed, notre chauffeur favori et moi se lançons
à la
découverte de la ville. Ce périple nous conduit dans
les quartiers de Oman
City, Kadhymia, Al Tobchi, Al Mansur City, Al Tobchi, Adhamiya,
Babmoaldhim,
Soulk Albarabi, le vieux quartier de Baghdad et à Arasat.
Chacun d'eux a
ses hécatombes d'immeubles partiellement ou totalement effondrés
qui
changent complètement le visage de la ville. Des dizaines
de joyaux de l'
architecture irakienne disparus. Partout des déchets gisent
de toutes parts
alors que cette ville était si propre à notre arrivé.
Des gens se déplacent
avec des objets volés tels des chaises de bureau, des lampes,
des fauteuils,
des réfrigérateurs, des ventilateurs, des bureaux,
des ventilateurs, des
climatiseurs, des télévisions, des pneus, des pièces
d'autos quand ce n'est
pas des autos complètes endommagés et j'en passe.
D'autres s'activent dans
les débris d'édifices à la recherche de trésors
ensevelis. Des édifices et
des véhicules récemment bombardés flambent
encore. Des débris de maisons
partiellement détruites obstruent le passage de plusieurs
ruelles. Des
enseignes et des lampadaires de rues gisent au sol. Quelques barrages
ferment l'accès à certains artères à
cause de l'activité militaire en cours
ou pour empêcher les témoignages de ce qui vient de
se passer. Tous les
ponts sont réouvert à la circulation.
L'hôpital Al Mansur a été vidé de tous
ses patients et personnels à cause
des combats qui se déroulait dans le voisinage. En autre,
les militaires
ont créé une ouverture dans une banque et inviter
les gens à se servir.
Cette invitation a fait déborder le saccage jusqu'à
l'hôpital.
Je capte plusieurs images de ce qui a résisté et
de toute cette désolation
avec la tristesse de n'avoir pu le faire avant les destructions
compte tenu
des restrictions auxquelles nous devions se conformer.
L'action de la toile dans la rue continue son ouvre auprès
des militaires.
Plus l'équipe en rencontre plus leur ignorance semble évidente
sauf en ce
qui concerne le changement de régime. Un d'eux me confie
qu'il origine d'
une famille de militaire et qu'il perpétue la génération.
Il ajoute qu'il
déteste Bush et les républicains mais que c'est payant
d'être ici. Un autre
dit être catholique pratiquant, qu'il n'a tué personne
encore, qu'il a une
jeune sour et ne souhaite pas la mort d'enfants ni de personne et
que la
guerre fait malheureusement des victimes.
La rumeur d'une guerre civile plane dans la place. Cette ruée
de
journalistes ne fait que stimuler les spéculations et amplifier
les rumeurs.
Ce nouvel atmosphère m'étouffe et m'exaspère
puisqu'il transforme cette
guerre en cirque médiatique. J'assiste maintenant à
une nouvelle guerre qui
se joue entre journalistes. Une guerre qui fait pitié à
voir. C'est à qui
volera le scoop à l'autre alors que ce ne sont que des rumeurs
qui circule.
Certains inventent des histoires pour épater la galerie,
juste pour avoir un
papier à livrer. Loin du regard loin du cour ! Ils font gober
n'importe
quoi à la population internationale avide de sensationnel.
Il y a ce
journaliste qui a écrit qu'il était en présence
des journalistes tués au
Palestine alors qu'il n'était pas dans l'hôtel. L'histoire
s'est découverte
et il a fait un fou de lui ici et dans son pays. Nous entendons
ce genre de
contes à tous les jours depuis quelques jours.
Ce cirque m'enlève la flamme qui m'habitait. Cette fois
je suis prêt pour le
départ même s'il y a encore beaucoup à faire.
Les violations des droits
humains et les crimes de guerre continueront leur ouvre sans que
l'on puisse
en témoigner car les contrôles abusifs des militaires
dépassent de loin ceux
des Irakiens. De plus nous ne pouvons s'héberger ailleurs
que dans ce
secteur.
Ce soir, L'équipe Irak Peace Team se rassemble sur la toile
au centre de la
rue pour faire nos adieux à notre doyen prédicateur
Neville qui nous quitte
demain pour retourner en Australie. Sous la lueur des chandelles
il fait le
partage du pain et de l'eau (pour remplacer le vin) et quelques
chants
suivent. Nous ramassons cette énorme toile pour la transporter
entre le
Palestine et le Sheraton. Nous subissons deux contrôles militaires
avec
présentation de papier et justification de ce déplacement.
Sur place ils
refusent notre premier choix d'installation et roulent la toile.
Nous
allons cinquante pieds plus loin. Cette fois notre action de paix
débute.
Les boucliers humains viennent se joindre à nous. Plusieurs
expriment leurs
messages sans la présence des médias. C'est vrai qu'il
n'y a rien de
sensationnel dans la livraison de messages de paix, de justice,
de demande
que les massacres d'enfants et de civils s'arrêtent, que les
ressources du
pays demeurent aux Irakiens et Irakiennes, que les militaires se
retirent,
que d'autres moyens que les armes soient utilisés pour régler
les conflits,
que la culture de ce peuple soit respectée, que le retrait
des sanctions
économiques s'effectue rapidement. Alors que l'on se prépare
à rouler la
toile deux médias Irakiens viennent capter quelques commentaires.
De retour à l'hôtel, après un autre contrôle,
Jooneed me dit qu'il en a
assez de ce cirque et qu'il est prêt à partir. C'est
bon d'entendre que je
ne suis pas le seul à penser ainsi.
Baghdad 12 avril 2003
Une autre nuit tranquille si nous excluons les bruits occasionnels
des
monstres mécaniques et la génératrice.
Le docteur Yarub Al-Shiraika participé à notre réunion
du matin. Il nous
informe que Mustafa et 2 autres membres de Islam Relief viennent
d'être
libérer suite à un emprisonnement de 4 jours. L'intelligence
service
irakien a saisi tous les biens qu'ils avaient, ordinateurs, caméras
vidéo
passeports et autres ainsi que $10,000. et les ont conduit à
un poste de
police qui a refusé de les incarcérer car il n'y avait
aucune accusation
contre eux. Devant ce refus ils sont allés à un autre
poste de police après
avoir préparer un formulaire d'accusation pour crime au code
de la route.
Quatre jours plus tard, ils furent libérer. Yarub continu
en disant que
deux véhicules, un réfrigérateur contenant
des médicaments et le système d'
air climatisé de l'organisme Croissant Rouge furent volés
il y a deux jours.
J'ai vu hier des gens qui chargeaient de marchandises volées
un de leur
véhicule. Il dit que des blessés se présentaient
à leur entrepôt pour
recevoir des soins mais que malheureusement ils ne pouvaient rien
faire pour
eux faute du nécessaire pour opérer. Il considère
que les pillages font
cinq fois plus de dommages que les bombardements. Il se demande
pourquoi l'
édifice du ministère de la santé a été
bombardé comme tous les autres
ministères alors qu'ils étaient vides. Il croit qu'il
faudra au moins 10
ans pour remettre à jour les statistiques et données
importantes du pays qui
ont disparus.
L'équipe IPT [a parle de] fermer boutique et quitter l'Irak
demain à l'
exception de Martin, Bettejo et Charles. L'envahissement massif
des médias
et des militaires pèse trop lourd. Nous occuperons notre
journée à vider le
bureau.
Tara Tutan, une journaliste canadienne qui vit en Angleterre et
qui est
arrivé hier de Amman, m'informe qu'elle a visité les
deux camps de réfugiés
en Jordanie. Celui prévu pour les Irakiens était complètement
vide et n'
avait reçu personne. L'autre réfugiait environ 300
africains qui
travaillaient en Irak.
Charles revient du centre de traitement des eaux. Il considère
qu'une
vigile à cet endroit n'a plus sa raison d'être.
Je donne un coup de main au ramassage des nombreux objets du bureau
puis je
tourne en rond, n'ayant plus le cour ni la tête à ce
qui se passe ici.
Finalement j'opte pour une balade vers le Palestine mais le militaires
m'
interdisent l'accès car je n'ais pas de carte de presse.
Plus loin je
croise deux vendeurs ambulants, un père et son fils, qui
viennent d'être
repousser par les militaires. Je leur achète deux cartons
de cigarettes
pour $3.50 US.
À peine de retour à l'hôtel, à 17h15
les événements prennent une toute autre
tournure. Je me retrouve au cour des combats. D'abord, un premier
tir
provenant de l'autre côté de la rive du Tigre. En un
rien de temps les
militaires s'activent et se positionnent. D'autres tirs suivent
et des
ripostent suivent. Des militaires courent en direction de fleuve
suivis par
une bande de caméramans et de journalistes. Un machine guns
(genre de tank)
s'approchent au coin de l'hôtel se place en direction du fleuve
et tire de l
'autre côté de la rive, sans que je puisse évaluer
la distance. Il s'en
suit une série de tirs de toutes parts. En vitesse je monte
à la course les
sept étages de l'hôtel pour aboutir sur la toiture
d'où j'ai une vue d'
ensemble. Aucun résident de l'hôtel n'a découvert
ce passage. Même avec
une bonne vision de l'autre côté du fleuve je ne peux
repérer la provenance
des tirs. Par contre, je peux suivre tous les déplacements
et
positionnements des soldats américains. Un autre monstre
mécanique se
dirige vers le fleuve suivi d'une dizaine de paparazzi et il crache
quelques
boulets au-dessus des militaires positionnés sur le toit
du restaurant qui
borde le fleuve. Peu de temps après, de grosses flammes jaillissent
de deux
bâtiments situés à plus de deux kilomètres.
Les tirs s'arrêtent
momentanément. Des soldats rampent sur le bord du fleuve,
des caméramans
les imitent. Il y a maintenant autant de représentants des
médias que de
soldats. C'est à se demander qui chasse qui ! Un autre gros
machin passe
devant l'hôtel et se positionne à cent mètres.
Un tir provient de l'autre
bord, sans que je puisses voir la provenance, puis le machin qu'on
dit
appelé l'amphibien riposte à trois reprises puis c'est
le silence. Au loin,
dans une autre direction, deux autres édifices flambent.
Difficile de
savoir s'ils tiraient au hasard, chose certaine les impacts tuèrent
et
blessèrent sûrement plusieurs personnes dans les environs
des immeubles en
flamme.
J'aurais aimé pouvoir placer une pièce d'artillerie
irakienne, genre canon
des années vingt, à coté d'un de ces monstres
et en faire une photo. Sans
savoir si la comparaison peut se faire mais je dirais, David et
Goliath ou,
un jouet d'enfant et un bouldozeur. Des comparaisons semblables
pourraient
aussi se faire avec les mitraillettes des deux clans. Nous sommes
loin des
armes de destruction massive avec lesquelles on nous a fait raisonner
les
oreilles et avec lesquelles on nous a vendu cette guerre. Rappelez-vous
qu'
un militaire américain m'a dit que ce n'était qu'une
propagande cette
histoire d'armes de destruction massive. Chose certaine, personne
ne les a
vus et n'ont pas servi sauf pour convaincre tout le monde de la
nécessité de
cette guerre. Et vous l'avez cru ! Maintenant voyez le résultat,
un nombre
devenu incalculable de victimes. Il nous reste l'autre raison qu'on
nous a
aussi vendue, l'élimination de Saddam. Est-ce que ça
valait la peine tous
ces dégâts et perte de vies humaines pour réussir
à se débarrasser d'un seul
homme ? La preuve, ils ne l'ont pas attrapé pour autant.
Comment peut-on s
'imaginer que l'on puisse attraper une seule personne avec de l'artillerie
aussi lourde ? Mais voyons donc, il ne faut pas être dupe
à ce point. Un
seul James Bond aurait pu faire la job.
Ils sont ou les milliers d'irakiens qui sont heureux de cette prise
de
contrôle par les Américains. À part les cents
gogos qui dansaient sur la
statue jetée par terre ? Je n'en ai vu aucun ! Je m'attendais
que dans une
ville de 5 millions d'habitants il y aurait au moins 1 million de
monde qui
saute de joie dans les rues et qui fête l'invasion américaine.
À la télé
vous en voyez plusieurs qui saluent et crie leur joie en se déplaçant
en
voiture. Ce que vous ne voyez pas, c'est le canon et les mitraillettes
pointés en leur direction. Les gens s'expriment ainsi pour
ne pas se faire
tirer dessus, pour sauver leurs peaux. Ceux qui ne l'on pas fait
n'existent
plus. À preuve, il y a des centaines de carcasses de voitures,
de camions
et d'autobus calcinés dans les rues. J'ai entendu des gens
me dire qu'ils
étaient heureux du départ de Saddam, rien de plus.
C'est pas la joie, mais
pas du tout.
J'ai plutôt l'impression que ce n'est que pour mesurer l'efficacité
des
nouveaux armements pour en faire la présentation et ensuite
en faire la
vente. Alors, pourquoi bombarder un même immeuble, vide depuis
le début, à
trois ou quatre reprises à intervalle de trois ou quatre
jours si ce n'est
pas pour réajuster des petits problèmes techniques.
Ce fut le cas de
plusieurs édifices. Bien brave celui qui aurait été
se cacher dans un de
ces édifices bombardés à deux reprises, un
gros coup de vent et il l'avait
sur le dos.
Ce qui s'annonçait une guerre terminée, selon certains
journalistes, semble
être partie remise pour l'instant. Ces mêmes journalistes
m'annonçaient ce
matin le retrait des troupes du centre ville et un déplacement
vers le Nord
du pays. Ces devins de l'information auraient tout avantage à
vérifier
leurs sources.
Une autre guerre s'annonce au restaurant. Qui aura droit aux quelques
quarts de poulets avec riz ? Les autres hériteront de la
soupe aux fèves
avec un plat de riz décoré de brins de spaghetti et
de pois.
Il est prévu que nous quittons Baghdad demain matin à
6h. au coût de
$1300.US par véhicule et devons en utiliser deux.
13 avril 2003
La nuit se compare à celle d'hier. Depuis 6h j'attends le
transport dans le
hall. Un contingent de véhicules militaires à fonctions
différentes se met
en branle pendant que d'autres tiennent la garde ici.
À 7h45 les bagages s'empilent dans le GMC à trois
bancs. La nuit a fait
changer d'idées quelques membres. Nous ne sommes que cinq
à quitter
Baghdad, Wade, Ed, April, Jooneed et moi. Les adieux et les accolades
terminés la voiture s'engage sur la route accompagnée
de trois gros
hélicoptères militaires qui volent un instant au-dessus
de nous.
Alors que les rues sommeillent encore, un spectacle de désolation
défile
devant nous. Je ne trouve pas les mots assez fort pour décrire
l'allure
actuelle de la ville. En essayant, je dirais écourante, dégelasse,
affreuse, déprimante, désolante, désastreuse,
décourageante, ce qui tient
encore debout tombe en lambeaux dans une poubelle géante
à ciel ouvert, l'
enfer quoi. Je ne sais pas comment les gens feront pour tenir le
coup dans
cette grosse merde. Personnellement j'en peux plus de voir une si
belle
ville transformée dans cet état. C'est vraiment triste
à voir. Encore ! Ce
n'est rien à côté de l'état physique
avec lequel se retrouvent des milliers
de gens, amputés, atrophiés, écorchés,
transpercés, égratignés, crevés,
assoiffés, affamés, déprimés, découragés.
Et, pour un très grand nombre, c'
est le deuil, la souffrance d'un être cher mort au combat
ou tranquillement
assis chez lui à prendre le thé en famille, pour d'autres
c'est la perte d'
un enfant qu'ils ne pourront plus tenir dans leurs bras et le chérir
et pour
d'autres c'est un parent qui ne sera plus là pour les accueillir
et leur
dire qu'ils les aiment.
Et, si c'était fini comme le disent les médias et
les responsables de ce
désastre humanitaire et matériel. Pourtant, ça
chauffe et ça pette encore à
Baghdad et ailleurs dans le pays.
Alors que la voiture s'engage sur une autoroute qui nous mène
à l'extérieur
de la ville, un barrage militaire oblige le demi-tour. Sur deux
autres voix
de sortit, même scénario. Accès impossible !
Que se cache-t-il derrière
ces barrages ? Ils ont toujours des cachettes ces Ricains !
« Loin des regards, l'innocence plaide » Finalement,
par toutes sortes de
détours, parfois en passant dans le clos ou dans une cour
puis dans de
petites rues nous atteignons une sortit de la ville. À quatre
endroits
différents sur l'autoroute en direction de Amman, en plein
désert, des bancs
de terre verser au centre du chemin forcent presque l'arrêt
du véhicule
puis, après un contournement en S nous reprenons la vive
allure à 150
kilomètres heure. À différents endroits des
restants de véhicules calcinés
bordent la route. Probablement, les passagers y sont morts. Nous
croisons
seulement deux véhicules militaires, toujours de même
origine, et apercevons
cinq blindés qui font le guet sur un gros button situé
à 100 mètres de la
route. Nous arrêtons dans un bled perdu où, jadis un
poste à essence
opérait. Deux gars, probablement d'origine africaine, remplissent
notre
réservoir d'essence à partir de gallons de plastic
d'où ils doivent
siphonner l'essence en aspirant avec leur bouche à tour de
rôle. Pendant
cet arrêt un jet militaire passe au-dessus de nous à
basse altitude. Avec
leurs appareils sophistiqués ils ont sûrement réussi
à lire l'origine de nos
passeports à travers nos vêtements.
À 13h30 nous arrêtons à la frontière
irakienne. Nos passeports sont
vérifiés à trois reprises sur une distance
de 50 mètres par des militaires
américains. Les bâtiments de la douane sont entièrement
vides dont deux en
piteux états. Deux kilomètres plus loin, la frontière
jordanienne nous
accueille. Cette fois, l'attente s'éternise. Jooneed et moi
en profitons
pour aller prendre un thé à une extrémité
des bâtiments puis, revenons à l'
autre extrémité pour jeter un oil dans le chic magasin
hors taxe.
Cigarettes, alcools et vins, appareils électroniques, bijoux,
jouets de luxe
et autres objets de valeurs s'offrent aux rares clients de la place.
Pendant cette attente arrive un journaliste et son chauffeur. Le
malheureux
n'a pas eu autant de chance que nous sur la route. À un des
barrages de
terre, quatre hommes masqués surgirent de derrière
un monticule de terre
avec des mitraillettes. Ils le forcent, lui seul car le chauffeur
n'a que
ses vêtement sur le dos, à remettre tout ce qu'ils
possèdent, valises
remplies de vêtements et articles de valeurs, bijoux qu'il
porte et $500.US.
Seul son passeport a été oublié dans une de
ses poches de chemise.
Heureusement ils s'en sortent vivant sans égratignure mais,
avec une belle
histoire pour son prochain reportage. Finalement nous quittons le
poste
frontalier après 3h14 d'attente.
Nous arrêtons pour déjeuner, dîner et souper
à Alawaklh de 17h45 à 18h25.
plusieurs petites villes et villages nous saluent au passage pour
finalement
arriver sein et sauf à Aman à 20h.
À la réception de l'hôtel Al Monzer, nous avons
droit à des retrouvailles
avec des membres du CPT qui avaient été expulsé
de baghdad huit jours plus
tôt. Une fois les bagages rangés dans la même
chambre que j'avais à mon
arrivé le 6 mars, Wade et moi se rendons en taxi au café
internet du Chicago
building pour expédier mon dernier rapport. Au retour, Lisa
Ndejuru, de
Montréal se pointe à la réception. Je fais
un appel chez moi, mais je n'ais
pas de réponse. Je laisse un message à Diane. Pendant
ma jasette avec Lisa
et Jooneed j'ai enfin le bonheur d'entendre la voix de Diane. Ça
fait du
bien au cour !
Robert
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