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La tempête perpétuelle revisitée
Kathy Kelly, Iraq Peace Team
31 Mars 2003
Cathy Breen et moi visitons Amal chez ses amis, puisque sa maison
a été davantage détruite par les bombardements.
Elle nous emmène à sa maison face à la rivière,
une maison agrémentée dun jardin en fleur. Lentrée
est jonchée de verre brisée, nous entrons dans ce
qui fut autrefois une des demeures les plus sélectes de Bagdad.
Le désordre règne. Plusieurs murs sont craqués,
les fenêtres sont toutes brisées, et une épaisse
couche de poussière et de saleté recouvrent les meubles,
les livres, les tapis et les planchers.
« Cetait mon sentiment absurde, observe froidement
Amal, que ceci narriverait pas. Je nai rien bougé.
» Elle insiste que les voisins auraient pu tout enlever dans
les deux derniers jours. La maison est ouverte. Tout le quartier
la connaît. Mais personne na rien déplacé.
Amal nétait pas chez elle quand les vitres ont éclatées
et les portes ont été soufflées par les bombes.
Par chance, ce soir là javais oublié
ma clé et je suis restée chez des amis.
Dix minutes après notre arrivée chez elle, les Américains
se mettent a bombarder.
Ils recommencent, soupire Amal. Nous devons partir vite
Nous rejoignons deux amies de Amal, deux surs qui, comme
Amal, sont âgées, éduquées, robustes
et furieuses. Je les avais rencontrées pour la première
fois à lété 2002, lorsquelles mavaient
invitée à parler devant une vingtaine damis
irakiens, de mon expérience dans le camp de Jenin en Cisjordanie
en avril 2001. Les troupes israéliennes venaient de détruire
des centaines de maisons, utilisant une force militaire dévastatrice.
Amal et ses amis furent choqués de voir des photos de maisons
de Jenin réduites en poussière. Ils parlèrent
de leur peine profonde ressentie depuis toujours pour les Palestiniens
souffrant sous loccupation. Qui aurait cru à ce moment
quun an plus tard, Amal deviendrait sans-abri et devrait vivre
sous loccupation ?
Cest tellement injuste, dit Amal. Des gens les plus
simples aux gens les plus riches, tout le monde a souffert.
Plus tard cette nuit là, la radio de Voice of America confirme
quun militaire irakien sest approchée dun
point de contrôle militaire américain se faisant passer
pour un chauffeur de taxi voulant se rendre. Le chauffeur a fait
sauter son taxi, se tuant ainsi que quatre soldats états-uniens
.
Amal a payé cher le fait de ne pas deviner que les États-Unis
entreprendrait une guerre massive contre lIrak. Elle na
pas pris la peine de sauver son immense et précieuse collection
duvres dart, de livres et dautres effets.
Ses amis et elle ne devinent plus. Ils sont surs que les guerriers
états-uniens vont payer un prix tragique et mortel pour toute
tentative de s'emparer ou doccuper lIrak. Nous
perdrons la bataille, mais les Américains ne seront pas les
vainqueurs, promet-elle. Les enfants parlent du monstre qui vient.
Nous repousserons le monstre, avec nos mains.
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